Less is more : comment claquer avec du sobre !
20/05/2016

Less is more : comment claquer avec du sobre !

Dépouillé, intemporel, authentique, brut, honnête, propre, qualitatif. Les adjectifs ne manquent pas pour décrire ce qu’est le minimalisme ! Dans la mode comme dans la déco, il est partout en ce début d’année 2016. Sans vous la faire façon cours d’Histoire de l’Art, voici quand-même quelques clefs pour comprendre ce mouvement, né à New York et inspiré de la pensée architecturale allemande précédant les années 60. La sobriété est alors vue comme le moyen d’accéder à la fonctionnalité pure.

Les ingénieurs recherchent une osmose parfaite entre les formes, les couleurs et les matières. Il s’agit pour cela d’alléger les structures classiques, de les rendre plus simples. Le grand précurseur du courant ; Mies van der Rohe a résumé la philosophie minimaliste dans l’expression « Less is more », littéralement « moins c’est plus », autrement dit, un condensé, une essence pure produit le plus grand des effets. Les répercussions sont immenses dans l’art contemporain, le design et bien sûr la mode !

En France, André Courrèges est, dès 1961, le fer de lance de ce concept. Il souhaite « bâtir » des vêtements en s’inspirant de sa passion pour l’architecture. Il s’inscrit dans cette perspective résolument moderne, à savoir celle de vouloir libérer la femme. Pour elles, il est l’un des premiers à prôner la mini jupe et le pantalon. Il conçoit de larges poches ou encore des bottes plates, plus pratiques. Il révolutionne le chic en affectionnant le blanc et les lignes droites (photographie de Richard Avedon, photographe attitré de Courrèges).

mode minimaliste

Les années 90 signent l’apogée du minimalisme dans la haute couture, avec des créateurs comme Calvin Klein ou Raf Simons (directeur artistique chez Dior). Le vêtement est ramené à sa fonction utilitaire première : habiller. Tout ce qui est superflu et ostentatoire est bannit des défilés. Le minimaliste et le luxe sont souvent liés. Coco Chanel disait « L’élégance, c’est ce qui ne se voit pas ». Et c’est vrai que les grandes maisons mettent souvent en avant le noir et des matières nobles. Cependant, le minimalisme traîne derrière lui une réputation morose et austère. Celle-ci est mal justifiée, pour s’en rendre compte, il suffit de se pencher sur le travail de stylistes japonais, fortement imprégnés par le concept esthétique de shibumi (objets simples mais détaillés). Ils jouent sur la déconstruction des allures grâce à un assemblage judicieux de matières aux teintes unies.

Ce printemps, les sneakers se sont emparés du minimalisme et des marques scandinaves à l’instar de Dr Denim font figures de modèles et inspirent de nombreux créateurs tels que ETQ, une marque hollandaise ou encore la marque française Lafeyt. L’idée est d’allier coupe design et utilisation quasi sportive. Les baskets doivent pourvoir se porter aussi bien avec un costard qu’avec un vieux short usé. C’est ce mix habillé/décontracté qui caractérise les accessoires minimalistes de la nouvelle génération. Le magazine Vogue parle du style « minimal chic » et Cristina Cordula donne ses leçons pour bien porter le « casual chic ».

Dans le headwear, les marques de casquettes streetwear ont étudié à fond la question de la sobriété tout en mettant en avant la qualité. Le ton sur ton, le flawless (minis logos hyper discrets), voire le no logo, des matières agréables et des couleurs recherchées comme le cuir, le suede, le jersey ou encore le heather sont très bien représentés chez New Era, 47’, Obey ou encore Huf, laquelle ayant collaboré avec l’illustre British Millerain pour l'une de ses dernières 6 panels : une fabrique de laine, basée dans le Yorkshire et réputée pour la qualité de son coton huilé depuis la fin du XIXème siècle.

casquettes minimalistes

Avant-gardiste hier, le minimalisme désigne aujourd’hui aussi bien un sac à main griffé et raffiné qu’une cuisine équipée chez Ikea. Le courant a trouvé une résonance telle dans la modernité post années 80, qu’il s’est complètement infiltré dans la société. Il a enfin trouvé sa place, qui dès l’origine, était pensée dans un usage purement fonctionnel.