Comment fabrique t-on un chapeau ?
10/03/2017

Comment fabrique t-on un chapeau ?

Depuis plusieurs années, le chapeau amorce son grand retour sur nos têtes : en feutre ou en paille, de type capeline ou canotier, on a tous déjà porté un chapeau mais rares sont ceux d’entre nous qui connaissent son processus de fabrication. Bien que certaines maisons proposent des chapeaux sur mesure, le chapeau est surtout un accessoire de prêt-à-porter qui respecte des étapes de confection bien précises. Le chapelier se doit d’allier habileté et précision du geste, amour de la matière et de la forme ainsi qu’une bonne dose de patience. En effet, il faut en moyenne une à deux semaines pour réaliser un chapeau de feutre mais parfois plusieurs semaines pour façonner un panama !

Le chapeau dans tous ses états

Lorsqu’on parle chapeau, la matière est bien au centre du sujet tant son choix va influencer le travail de la forme et des matériaux, notamment si le chapeau est destiné à être teint. Laine de mouton, poils de lapin ou de castor, paille toquilla ou coton biologique : les matières sont diverses et offrent chacune des alternatives parfois novatrices en terme de protection et de style. Le chapeau hivernal se doit d’être confectionné dans une matière chaude et résistante à la pluie alors que le chapeau estival doit protéger des rayons du soleil tout en étant très respirant. Le travail de la fibre et le tissage de la paille sont donc effectués de manière à assurer une qualité optimale au chapeau pour une utilisation la plus durable possible.

La matière ne serait cependant rien sans une forme à la fois tendance et qui garantisse le respect de la matière, qu’elle soit naturelle ou traitée. Du chapeau cloche à la forme très arrondie, au traditionnel Fedora avec ses bords plats en passant par le chapeau capeline à bords très larges et le canotier que l’on imagine bien fièrement porté par les personnages des histoires de Marcel Pagnol, les formes diffèrent et sont parfois vraiment insolites. Difficile de croire qu’ils suivent tous une technique de fabrication presque inchangée depuis des décennies malgré l’industrialisation et la modernisation des procédés de production car les étapes restent bien les mêmes !

Le feutre : un savoir-faire ancestral

Un des matériaux les plus utilisés en chapellerie est le feutre : qu’il soit réalisé à partir de poils de castor ou de lièvre très légers ou qu’il soit façonné à partir de brins de laine plus accessibles en terme de prix mais aussi plus lourds, le chapeau en feutre ne se fabrique pas n’importe comment ! Le poil ou le brin doit être épuré, coupé et plongé dans un bain dont la composition longtemps restée secrète permet de fendre les fibres pour qu’elles perdent en élasticité, captent les aspérités environnantes et forment un feutre. Puis ce feutre doit passer l’étape incontournable du bastissage : ce mot barbare cache en fait une réalité assez simple car il s’agit de battre le feutre pour lui donner la forme primitive du chapeau final. La machine du semousseur entre ensuite en scène. Là encore, rien d’inquiétant dans ce nom : le feutre est simplement tordu dans tous les sens afin d’être sûr qu’il ne revienne à son état de poil initial. Autre surprise terminologique en vue : le foulage ! Chaque chapeau est disposé dans une presse qui donne le volume final au produit ainsi que sa taille et ensuite passé à la vapeur qui raffermit ses fibres puis entre des énormes rouleaux qui resserrent le feutre, lui donnent sa forme et assurent le maintien de la forme du chapeau par vents et marées. A chaque presse sa taille de tour de tête et sa hauteur de calotte !

Après être passé par les mains expertes du bastisseur, du semousseur et du fouleur, le chapeau est déjà bien avancé. Dans un souci esthétique, le chapeau est immergé dans une cuve et brassé afin d’être teint à la couleur désirée. Ultime souffrance pour lui, le chapeau est étiré pour être arrondi et former les bords. Il est ensuite accueilli par l’apprêteur qui se charge de lui donner de l’éclat et une douceur dont il a été privé pendant les précédentes étapes de fabrication avant d’apporter les finitions aux qualités variables selon le prix de vente final. La naissance du chapeau en feutre n’est donc pas de tout repos et on comprend toute l’importance des métiers d’art qui se relayent pour créer un couvre-chef !

Le panama : emblème de l’exotisme !

Si le chapeau haut de forme ou chapeaux tyroliens ne sont pas les plus vendus dans le monde, le panama est une vraie star dans le petit monde du chapeau ! Venu tout droit de l’Equateur comme son nom ne l’indique pas, ce chapeau de paille tressée aurait vu le jour quelques millénaires avant J.C., de quoi faire pâlir d’envie ses copains européens ! Contrairement aux chapeaux en feutre, le panama est entièrement fait à la main et peut être réalisé de trois manières différentes qui correspondent à trois points de tissage distincts. Fabriqué en jeunes pousses de palmes Carludovica que l’on trouve sous les tropiques, le temps de tissage peut durer jusqu’à 6 mois et on peut donc affirmer qu’un panama se mérite ! Il faut donner du temps au temps !

L’élaboration d’un chapeau panama répond en effet à une suite d’étapes complexes qui débutent par le travail des feuilles de palmier afin d’en faire de la paille qui sera ensuite passée à l’eau bouillante, séchée au soleil et blanchie grâce à un charbon incandescent si le panama est effectué à Montecristi ou à la javel s’ils passe entre les mains des artisans de Cuenca. La paille est ensuite tressée, ce qui peut occuper les tisserandes pendant plusieurs semaines, suivant la précision et qualité de la paille et du point utilisés. La caractéristique du panama est la rosace que l’on trouve au sommet de la calotte et qui atteste d’un tissage manuel qui demande une extrême précision et un sang – froid à toute épreuve ! Chaque panama est ensuite débarrassé des fibres inutiles et est repassé pour être le plus lisse possible. Il repose ensuite sur un moule en bois qui lui donnera la taille attendue.

Qu’il soit en paille ou en feutre, le chapeau naît bien d’un travail de la matière première qui demande de la rigueur beaucoup de calme : on parie que vous ne verrez plus vos chapeaux du même œil maintenant !

Venez parcourir notre sélection de chapeaux : USA, Afrique du Sud, Angleterre, nous vous proposons les créations de plus grands chapeliers et des marques légendaires comme Stetson.